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Conseils pour ceux qui se lancent dans le Zéro Déchet

De l'importance de ne pas brûler les étapes...

Zéro Déchet
Illustration du billet Conseils pour ceux qui se lancent dans le Zéro Déchet
Source : @stefan-stefancik (Unsplash)

J’ai découvert le Zéro Déchet début 2016. Le déclic est venu en janvier suite à différentes lectures et prises de conscience sur le réchauffement climatique, l’impact de la voiture, l’impact de notre régime alimentaire “carné”, la quantité de déchets que l’on génère, etc. Bref, ça a été une grande claque dans la figure, et la lecture du livre de la Famille presque Zéro Déchet a mis en branle un mouvement de fond chez moi qui ne s’est plus arrêté depuis. 

Sauf que dans mon envie soudaine de bien faire, j’ai voulu tout faire, tout de suite. Ainsi, du jour au lendemain, j’ai décidé de devenir “Zéro Déchet”. Forte de cette nouvelle conviction - et concrètement absolument pas préparée - je me suis rendue dans mon supermarché habituel en me disant “c’est décidé, à partir d’aujourd’hui, je fais attention à ce que j’achète et je banni le plastique de ma vie !”. Je me suis donc pointée, la fleur au fusil, dans des rayons de supermarché archi-blindés d’emballages. Et là, (c’est le drame) ma motivation est retombée comme un soufflé vitesse grand V. Imaginez un instant la scène : Moi, avec mon petit caddie, pleine de bonne volonté et l’encéphalogramme plat (oui, pour moi, faire les courses ou les 7 plaies d’Egypte, franchement, je sais pas ce qui est le pire) du genre “qu’est-ce qu’on mange ce soir et que je peux acheter sans générer de déchet ?” :

Bon, alors… pour le petit déjeuner… Café emballé, thé emballé, céréales emballées... Hmmm.. Ok, passons le petit dej, j’y reviendrais plus tard. Pour ce midi… Si je prends des légumes, il faut que je les mettent dans un sac plastique. La viande est en barquette plastique. Le fromage est… dans du plastique. Et mes yaourts natures fétiches... Pots en plastique. Hmmm… Ca se complique… Bon… Et pour l’apéro ? Emballages de partout, vite, fuyons le rayon…. 

Bref, face à toute cette marée d’emballages, je suis ressortie du supermarché… Sans rien avoir acheté ! Autant vous dire que c’était la déconfiture totale. La bérézina à côté, c’était du pipi de chat. 

J’ai tenté la même opération dans un autre supermarché (Grand Frais pour être tout à fait précise) dans lequel je pensais trouver des choses en vrac. Deuxième échec cuisant. Là aussi, quasi tout était emballé. Dans mon malheur, je me suis dis que, quitte à être venue jusqu’ici, j’allais au moins acheter des légumes bios. Après avoir cherché longtemps l’information sur les pancartes, j’ai demandé à un vendeur qui m’a confirmé mes craintes : il n’y avait pas de bio ici, et pour la seconde fois, je suis ressortie les mains vides, le cœur en berne. 

Mais comme on dit “jamais deux sans trois” (et comme à un moment donné, il fallait bien qu’on mange), je me suis ressaisie. Je me suis dit qu’effectivement, il fallait peut-être que j’envisage d’aller faire mes courses ailleurs. Je suis donc allée dans une grande chaîne de magasins bio. Et là, Ô, joie, je suis enfin tombée sur des rayons d’aliments en vrac. Bon, comme je n’avais pas prévu de sacs en tissu, je me suis servie dans des sachets en papier. C’est moins grave que des sacs en plastique me direz-vous, mais bon, pour quelqu’un qui veut absolument “virer” Zéro Déchet sans plus attendre, c’était pas terrible. Ensuite, j’ai regardé un peu la provenance des produits. Noisettes de Turquie, bidules du Pérou, Chili, Madagascar, Inde. Ouhlala. Là, dans ma tête, commence un savant calcul mathématique pour essayer de déterminer qu’est-ce qui est le pire pour l’environnement : que j’achète mes carottes en provenance de “France” (ça me dit pas trop d’où) et emballées dans mon supermarché habituel ou que je les achète sans emballage, bio mais qui vienne de l’autre côté de la planète ? Comment arbitrer ? Que choisir ? Le bio parce que c’est bon pour ma santé ? Mais s’il vient de l’autre côté de la planète, je privilégie le local ? Oui, mais si celui-ci n’est pas bio ? Et si le local est emballé ? Rahhhhhhh !! 

(Equation parfaitement insoluble à laquelle j’ai trouvé depuis une réponse parfaite : j’achète mes légumes à un producteur bio local, qui me fait donc des légumes de saison, livrés dans des sachets en papier réutilisables. Mais ça, je ne le savais pas encore à l’époque). 

J’étais donc là, devant mes rayons de produits bios, le cœur en détresse car bio ne veut pas dire Zéro Déchet, découvrant qu’à part certains produits de base (farine, sucre, céréales), eh bien la grande majorité des produits sont emballés et viennent parfois de très très loin. 

Ajoutons à cela une difficulté supplémentaire, parce que quitte à se faire des nœuds au cerveau, autant y aller franchement : en même temps que l’arrêt pur et simple de l’utilisation de plastique dans ma vie, j’avais décidé d’arrêter de manger de la viande, à cause de l’impact environnemental que cela engendre. 

Je me retrouvais donc devant un nombre de contraintes massif : trouver des produits me permettant de cuisiner sans viande, sans emballage, de saison, bio et local. 

A vouloir tout faire d’un coup, je me suis honnêtement rendue assez malheureuse, et même si j’avais (enfin !!) réussi à sortir d’un magasin avec des choses dans mon caddie, je me sentais particulièrement misérable. 

Ce n’est que devant ce fiasco et avec quelques discussions censées et bienveillantes avec mon amoureux que je suis “redescendue” et que je me suis fixée des objectifs plus raisonnables. Ok, je n’arriverais pas à tout faire en un jour (même Rome ne s’est pas construite si vite, alors…). 

Je me suis donc fixé des objectifs plus petits et plus réalisables : 

  • Je ne voulais plus utiliser de sacs plastique ni de sachets papier, j’ai donc demandé à une amie qu’elle m’apprenne quelques gestes basiques de couture pour apprendre à fabriquer mes sacs à vrac (et en attendant, j’ai fait le tour de l’existant, c’est fou ce qu’on trouve au fond des placards). Et puis les sachets papier, c’est pas si mal, non ? 
  • Plutôt que de devenir végétarienne du jour au lendemain, je me suis fixé comme objectif de réduire la quantité de viande achetée, de trouver de solutions de substitution au fur et à mesure (“Tiens, si je faisais un burger végétarien à base de haricots rouges ce soir ?”)
  • Plutôt que d’arrêter purement et simplement de manger des yaourts parce qu’ils sont en pot en plastique, et si j’achetais ceux qui sont vendus dans des pots en verre ? Et le fromage blanc, au lieu de le prendre en petits pots individuels, et si je l’achetais en pot de 1 litre ? 
  • Je n’ose pas encore aborder le fromager pour lui demander de mettre le fromage dans mon contenant, mais à la place, plutôt que d’acheter le fromage emballé dans une barquette en polystyrène et du cellophane, et bien je vais acheter celui qui est juste emballé dans du cellophane

Croyez-moi, être patiente et bienveillante avec moi-même a été une étape absolument décisive, un vrai tournant pour enfin envisager le Zéro Déchet de manière sereine.
 

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